À Benque Viejo del Carmen, le douanier check les passeports avant qu'on change d'autobus. C'est un choc. Moi qui était un géant parmi les guatémaltèques, je suis soudainement un nain blanc entouré de géants noirs. Deux peuples très différents se partagent le territoire près de la frontière. La tension est palpable. Au fil des années la politique s'est chargée d'élargir le fossé qui les sépare. Dans le bus, le contraste est comique. D'un coté les Mayas s'assoient trois par banc comme des enfants de maternelle et de l'autre, les Béliziens s'évachent tout seul dans leur siège. Si on considère la corpulence de chacun le partage de l’espace est relativement équitable.
On débarque dans la capitale déchue un dimanche en fin d'après-midi. Les rues sont désertes et tous les commerces sont fermés. Quelques robineux dorment dans des coins ombragés. On croirait qu'ils sont les seuls habitants de la ville. On entre dans un "hostel*" ... Personne... Deuxième "hostel"… barré... Un étrange sentiment d'insécurité s'installe! "Shitty"! Au moment où je commence à envisager de retourner d'où je viens, un Québécois nous fait signe. Derrière le grillage il demande "Qu'est-ce que vous foutez à Belize Shitty?" C'est drôle je me demandais justement la même chose! "Bienvenue au North Front Street Guesthouse." qu'il nous dit, heureux de cette rencontre inouïe.
Le North
Front Street est un peu crade. Le Québécois semble vivre ici
depuis longtemps. Bizarre. Il raconte des histoires vraiment triées par les
cheveux. En une conversation, je peux dire qu'il vit assez loin de ma réalité.
"Anyways", on loue la chambre et on met notre propre cadenas sur la
porte. La confiance règne...
Dimanche
soir, il y a toujours aucun commerce d'ouvert. Affamés, on marche pareil dans les
rues mal éclairées à la recherche de bouffe. On sait jamais, il y a peut être
un chinois d'ouvert. On se fait aborder par tout plein de gars louches jusqu'à
ce qu'il y en ait un qui propose de nous escorter vers la seule épicerie
ouverte. Un Chinois! Son inventaire est limité. Des ramens, des cannes de
thon et on repart vers l'auberge d'un pas étonnamment rapide...
Lundi, il
y a plus de vie que la veille, mais ça reste "shitty". On prend le
premier bus qui sort de la ville vers le sud. Un drôle de personnage barbu,
vendeur d'herbes aux propriétés supposément aphrodisiaques et curatives
s'assoit derrière nous. Avec son accent du Belize il est un peu dur à suivre,
mais on peut se comprendre! Comme on sait pas vraiment où on s'en va, on lui
demande conseil. Après tout c'est son pays, il a surement une idée...
Terminus
Dangriga. Cette ville donne aucunement envie d’y rester et il est trop tard
pour prendre un autre bus. Alors, on va où? Reste plus qu’à suivre la suggestion du
barbu. On va essayer de trouver un bateau pour Tobacco Caye..
Un tas de sable couvert d'arbres de jasmin et de cocotiers, perdu au milieu de la mer des caraïbes, c'est ça Tobacco Caye! On en fait le tour en 10 minutes à pied. Il y a quelques touristes richards qui s’arrêtent ici avec leur catamaran. Le capitaine fume des splifs pendant que ses employeurs s’achètent des Coca-Cola hors de prix. Il nous salue, il nous passe le joint et il part en nous disant que c'est un cadeau. Du coup, il vient de casser le stéréotype du capitaine désagréable et alcoolique. Cool!
Il y a deux types de personnes dans ce monde; Ceux qui apprennent grâce aux conseils proférés par d’autres et ceux qui apprennent seulement de leurs propres erreurs. Nous, les gens de la deuxième catégorie, on apprend souvent à la dure! Aujourd'hui, leçon de snorkeling! À peine vingt minutes plus tôt, on était près du quai en eaux calmes, pis là, on se ramasse de l'autre coté de l'ile dans des vagues d'un mètre qui se brisent sur les coraux tranchants. Imaginez-vous dans une laveuse, la peau ramollie par l'eau chaude, et quelqu'un part la laveuse avec l'ensemble de coutellerie dedans. Je pourrais difficilement décrire le "feeling" de manière plus imagée. Douleur!
Donc, leçon numéro un: En snorkeling, regarde où tu vas à place de regarder le fond et tiens toi loin des vagues. Leçon numéro deux: Prévoir plus de bandages et de désinfectant la prochaine fois...
Là, je suis plein de plaies et j'ai aucune intention de retourner dans l'eau, alors qu'ici il y a que ça à faire. Il me reste que le "hammacking". Première journée... C'est tranquille... Deuxième journée... C'est plate! On crisse notre camp!
*Hostel: En anglais on fait la distinction entre "hotel" et "hostel". C’est pas
le cas en français et c'est pourquoi j'utilise l'anglicisme "hostel" qui décrit mieux
les endroits où je crèche. Ce n’est pas une faute de frappe!
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire