01 novembre 2012

BELIZE SHITTY

La mer des Caraïbes est brune à Belize City, mais c'est pas pour ça que les habitants l'appellent Belize Shitty. L'histoire que je connais commence en 1961.  75 % des  bâtiments de la ville furent détruits par l'ouragan Hattie. Pour la deuxième fois en trente ans la ville fut rasée. 10 ans plus tard le gouvernement du British Honduras fondait sa nouvelle capitale à Belmopan plus loin à l'intérieur des terres et moins exposée aux colères de dame nature. Pendant ce temps, la capitale déchue continue de se faire frapper par les tempêtes et les inondations, sans mentionner les problèmes reliés aux changements politiques, à l'indépendance de 1981 et à l'instabilité économique. Une grande partie des dirigeants, des fonctionnaires et de l'élite sociale abandonnèrent la ville côtière. Maintenant, les habitants l'appellent Belize Shitty!

À Benque Viejo del Carmen, le douanier check les passeports avant qu'on change d'autobus. C'est un choc. Moi qui était un géant parmi les guatémaltèques, je suis soudainement un nain blanc entouré de géants noirs. Deux peuples très différents se partagent le territoire près de la frontière. La tension est palpable. Au fil des années la politique s'est chargée d'élargir le fossé qui les sépare. Dans le bus, le contraste est comique. D'un coté les Mayas s'assoient trois par banc comme des enfants de maternelle et de l'autre, les Béliziens s'évachent tout seul dans leur siège.  Si on considère la corpulence de chacun le partage de l’espace est relativement équitable.


On débarque dans la capitale déchue un dimanche en fin d'après-midi. Les rues sont désertes et tous les commerces sont fermés. Quelques robineux dorment dans des coins ombragés. On croirait qu'ils sont les seuls habitants de la ville. On entre dans un "hostel*" ... Personne... Deuxième "hostel"… barré...  Un étrange sentiment d'insécurité s'installe! "Shitty"! Au moment où je commence à envisager de retourner d'où je viens, un Québécois nous fait signe. Derrière le grillage il demande "Qu'est-ce que vous foutez à Belize Shitty?" C'est drôle je me demandais justement la même chose! "Bienvenue au North Front Street Guesthouse." qu'il nous dit, heureux de cette rencontre inouïe.

Le North Front Street est un peu crade. Le Québécois semble vivre ici depuis longtemps. Bizarre. Il raconte des histoires vraiment triées par les cheveux. En une conversation, je peux dire qu'il vit assez loin de ma réalité. "Anyways", on loue la chambre et on met notre propre cadenas sur la porte. La confiance règne...

Dimanche soir, il y a toujours aucun commerce d'ouvert. Affamés, on marche pareil dans les rues mal éclairées à la recherche de bouffe. On sait jamais, il y a peut être un chinois d'ouvert. On se fait aborder par tout plein de gars louches jusqu'à ce qu'il y en ait un qui propose de nous escorter vers la seule épicerie ouverte. Un Chinois! Son inventaire est limité. Des ramens, des cannes de thon et on repart vers l'auberge d'un pas étonnamment rapide...

Lundi, il y a plus de vie que la veille, mais ça reste "shitty". On prend le premier bus qui sort de la ville vers le sud. Un drôle de personnage barbu, vendeur d'herbes aux propriétés supposément aphrodisiaques et curatives s'assoit derrière nous. Avec son accent du Belize il est un peu dur à suivre, mais on peut se comprendre! Comme on sait pas vraiment où on s'en va, on lui demande conseil. Après tout c'est son pays, il a surement une idée...

Terminus Dangriga. Cette ville donne aucunement envie d’y rester et il est trop tard pour prendre un autre bus. Alors, on va où? Reste plus qu’à suivre la suggestion du barbu. On va essayer de trouver un bateau pour Tobacco Caye..


Un tas de sable couvert d'arbres de jasmin et de cocotiers, perdu au milieu de la mer des caraïbes, c'est ça Tobacco Caye! On en fait le tour en 10 minutes à pied. Il y a quelques touristes richards qui s’arrêtent ici avec leur catamaran. Le capitaine fume des splifs pendant que ses employeurs s’achètent des Coca-Cola hors de prix. Il nous salue, il nous passe le joint et il part en nous disant que c'est un cadeau. Du coup, il vient de casser le stéréotype du capitaine désagréable et alcoolique. Cool!


Il y a deux types de personnes dans ce monde; Ceux qui apprennent grâce aux conseils proférés par d’autres et ceux qui apprennent seulement de leurs propres erreurs. Nous, les gens de la deuxième catégorie, on apprend souvent à la dure! Aujourd'hui, leçon de snorkeling! À peine vingt minutes plus tôt, on était près du quai en eaux calmes, pis là, on se ramasse de l'autre coté de l'ile dans des vagues d'un mètre qui se brisent sur les coraux tranchants. Imaginez-vous dans une laveuse, la peau ramollie par l'eau chaude, et quelqu'un part la laveuse avec l'ensemble de coutellerie dedans. Je pourrais difficilement décrire le "feeling" de manière plus imagée. Douleur!


Donc, leçon numéro un: En snorkeling, regarde où tu vas à place de regarder le fond et tiens toi loin des vagues. Leçon numéro deux: Prévoir plus de bandages et de désinfectant la prochaine fois...

Là, je suis plein de plaies et j'ai aucune intention de retourner dans l'eau, alors qu'ici il y a que ça à faire. Il me reste que le "hammacking". Première journée... C'est  tranquille...  Deuxième journée... C'est plate! On crisse notre camp!



*Hostel: En anglais on fait la distinction entre "hotel" et "hostel". C’est pas le cas en français et c'est pourquoi j'utilise l'anglicisme "hostel" qui décrit mieux les endroits où je crèche. Ce n’est pas une faute de frappe!

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